Lexique street dance

 

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Définitions des styles de danse

BREAKING (et non break dancing)

Danse qui débuta dans le sud du Bronx au début des années 1970 dansée par les B-boys et les B-Girls (et non Break Dancer). Cette danse est l'un des quatre piliers de la culture Hip Hop définis par Afrika Bambaataa (voir Hip Hop - culture). Principalement exécutée sur les pauses instrumentales (instrumental breaks, voir Hip Hop - musique), cette danse se décrit traditionnellement par des mouvements de pieds rapides en position debout (toprock) puis accroupie au sol (footwork) et enchainant des mouvements acrobatiques et circulaires (power moves) pour finir dans une position figées dans l’espace (freeze).

Le Break est principalement inspiré du Rocking, des danses sociales, latines, africaines et russes ainsi que la Capoeira, la gymnastique et les arts martiaux. Les instigateurs du Break, provenant majoritairement de quartiers défavorisés, créèrent cette danse en réaction à leurs conditions d'existences particulièrement difficiles et violentes. Ce nouveau mode d'expression permis aux premiers B-boy/B-Girl de centraliser leur énergie sur une pratique artistique à la fois sportive, spirituelle, physique et mentale. Puisque le Break tire ses origines dans les gangs de rue, il est courant que ses adeptes se regroupent en crew afin de représenter un quartier, une ville ou une philosophie similaire. Le sentiment d'appartenance qui en découle motive chaque membre d'un crew à représenter fièrement son équipe dans les battles et les cyphers.

Le mode de vie du Break s'est rapidement propagé afin de recruter des millions d'adeptes aux quatre coins du monde. En effet, cette culture communautaire et inclusive accepte tout le monde, peu importe leur origine, leur situation financière ou leur niveau de talent. Trente ans plus tard, le Breaking est devenu la danse qui domine sur le point compétitif à cause de ses multiples battles d'envergures internationales et se retrouvera bientôt dans les jeux olympiques jeunesses en 2018.

DANCEHALL

Les années 1970 est l’époque où la musique Dancehall est apparue en Jamaïque comme un dérivé du Reggae. Il faudra cependant attendre jusqu’aux années 80-90 avant que les premiers pas de Dancehall soient définis, notamment par Bogle, l’un des plus grands pionniers de ce style. Les premiers mouvements de Dancehall s’inspiraient des différents éléments de la vie courante (la nature, le sport, les animaux, etc.) et avaient une signification pour les danseurs qui les exécutaient. Le Dancehall est principalement une party dance puisque ses premiers pas étaient très simples, faciles à reproduire et se propageaient rapidement dans les soirées. Cependant, les cyphers ne sont pas très commun dans cette communauté puisque cette culture encourage les gens à danser ensemble plutôt qu'individuellement.

Il est facile de reconnaitre cette danse par ses mouvements d'isolations du bassin, du haut du corps et des membres complémenter par de nombreux déhanchements, des ondulations et de la sensualité. Cette danse suave met énormément d’emphase sur le groove et la fluidité, ce qui raréfie l’apparition de formes géométriques claires et précises. L’évolution du Dancehall se sépare en trois époques. Le Old School est caractérisé par son vocabulaire accessible, simple et fluide. Le Middle School est l’époque où la musique et la danse Dancehall ont commencé à être exportés à travers le monde par des artistes tel que Sean Paul, Beenie Man, Elephant Man et Admiral T. Finalement, la version récente appelée New School qui s’inspire davantage de la danse Hip Hop. Les pas du New School sont beaucoup plus saccadés et complexes, ils peuvent même s’étendre sur plusieurs comptes, ce qui contraste énormément avec la version Old School.

Aujourd'hui, le Dancehall est dansé dans les clubs et les studios à travers le monde et parfois même en compétition. Au même titre que le Hip Hop, plusieurs puristes regrettent cette tendance à complexifier les pas et à les éloignées de leur contexte initial.   

HIP HOP

La culture Hip Hop est née dans les communautés afro- et latino-américaines des banlieues défavorisées de New York, bien avant la danse qui porte le même nom (voir Hip Hop – Culture). Cette culture comprend quatre principaux piliers – le DJing, le MCing, le Tagging (Graffiti) et le Breaking). La danse Hip Hop est apparue au courant des années 1980 et était originellement une party dance pratiquée durant les block partys et les clubs. Puisque la naissance de la danse Hip Hop est intimement liée à celle du Breaking, plusieurs aspects sont très similaires dans les deux styles comme la formation de crew tel que MOPTOP et The Mystidious Misfit, les get down, les cyphers et les battles.

Les mouvements de la danse Hip Hop étaient principalement inspirés de certains éléments du Breaking comme le Rocking, du electric boogaloo et du soul dance, le tout agrémenté avec beaucoup de bounce et de groove. Le nom "Hip Hop" fut éventuellement attribué à cette danse de freestyle vers la fin des années 1980 puisqu'elle était dansée sur de la musique Hip Hop, malgré le fait que le Breaking est la danse faisant partie des quatre premiers éléments de la culture Hip Hop. Avec la commercialisation de la musique Hip Hop dans les années 90, plusieurs MCs issus des ghettos tenaient à inviter des danseurs Hip Hop dans leur vidéoclip et contribuèrent ainsi à l'essor de cette danse à travers le monde. Les fondateurs de l'Elite Force Crew, Buddha Stretch et Henry Link, furent également les premiers à établir une base et un vocabulaire précis pour le Hip Hop, aujourd'hui référé comme étant du Hip Hop Old School (Running man, Cabbage Patch, Happy Feet, Rodger Rabbit, etc.).

Aujourd'hui, le Hip Hop chorégraphique fréquemment vu dans les studios et les compétitions s'est éloigné de son essence originel, groovy et libre, pour adopter des formes claires et nettes. Cependant, il est toujours possible de voir du Hip Hop à l’état pure dans les vidéoclips de différents artistes puristes ou dans les battles organisés. Plusieurs sous-cultures de la danse Hip Hop ont commencées à voir le jour dans différentes villes des États-Unis dont le Memphis Jookin, le Turfing (Oakland), le Chicago Footwork, le Lite Feet (Harlem) et plus encore. Le principe de Party Dance est encore existant aujourd'hui grâce aux médias sociaux qui permettent de propager des mouvements tel que le “Whip”, le “Nae Nae”, le “Dab”, le “Juju on that beat”, le “Dougie” et etc.

HOUSE

La musique House puise ses racines dans la musique Disco et fit son apparition dans les années 1980 alors que la popularité du Disco s’effondre dans l’industrie du disque. Les DJs iconiques Frankie Knuckles et Ron Hardy qui jouaient au “Warehouse” de Chicago ainsi que Larry Levan du “Paradise Garage” de New York, était les instigateurs de cette nouvelle musique qui mixait des extraits de disco et de funk avec des séquences de synthétiseurs à des tempos rapides. Le terme "House" a été adopté en référence au "Warehouse" pour décrire la musique, la danse et la culture qui en découle.

À l’époque, la House était un phénomène underground pratiqué par les latinos, les afro-américains et la communauté homosexuel qui prônait l’acceptation et la libre expression. Cette danse est ancrée dans l’improvisation (freestyle) et se caractérise principale par le jacking agencé à des footworks complexes et fluides. Cette danse est également influencée par de nombreux styles dont la claquette (tap dance), le jazz, les danses africaines et les arts martiaux, le tout exprimé de façon fluide et gracieuse en mettant l’emphase sur la musicalité et le soul. Il était d'ailleurs très courant dans les clubs de House comme "The Loft" à New York de voir des personnes qui dansent au sol et habillées en vêtement de sport, chose qui était alors très inhabituelle dans les clubs.

La House est en fait un exutoire qui procure des sensations de bienêtre et de laisser-aller pour les personnes qui la pratique et prône le partage, la fraternité et la fusion avec la musique et le DJ. Bien que les battles de House sont pratiqués à travers le monde, cette danse reste tout de même une danse de club et de spiritualité qui se partage et se vit avec son entourage

HUSTLE

Le Hustle, communément appelé Latin Hustle, est né dans les discothèques de la ville de New York dans les années 1970. Depuis son inception, le Latin Hustle a évolué en fusionnant certains aspects de différentes danses latines (mambo, chacha, salsa) et en utilisant la forte influence disco de l’époque. Au cours des années 80, le hustle a continué d’évoluer en empruntant le vocabulaire de d’autres danses sociales tout en faisant sa place dans les compétitions et en contexte de spectacle. À ce jour, la danse évolue continuellement, et est l’une des seules danses sociales nées et pratiquées aux États-Unis.

Krump

Le Krump est une danse qui a dérivé du Clowning, un mouvement de danse Hip Hop initié par Tommy the Clown durant les années 1990. Tommy faisait de l’amusement pendant les fêtes pour les enfants dans les ghettos et avait comme mission d’encourager les enfants à danser et de les éloigner de la violence des gangs de rue et la drogue. Deux jeunes adeptes du Clowning qui avait leur propre style, Jo’Artis “Big Mijo” Ratti et Ceasare “Tight Eyez” Willis, ont ensuite eu l’idée d’inventer une nouvelle danse basée sur leur façon de danser en 1999-2000 qu’ils appelèrent “Krump”. D’autres danseurs qui ont également collaboré à la définition de cette danse sont Miss Prissy, Lil C et Slayer. En Krump, la formation d’une “fam” (famille hiérarchisée) joue un rôle très important. Celle-ci aide les jeunes à avoir une meilleure structure dans leur vie en valorisant l’entraide et la solidarité. N’importe quel danseur peut devenir le mentor de sa famille et porter le titre de “Big Homie”. Les autres membres prendront ensuite le nom du mentor et seront classés selon un certain rang selon leur affinité, leur niveau et leur âge.

Exemple pour les garçons : Twin > Junior > Lil > Baby > Boy > Kid > Tiny 

Exemple pour les filles :  Lady > Girl > Princess > Baby Girl 

Le Krump est une danse qui rassemble des mouvements hautement expressifs et énergiques inspirés du Clowning, des danses et rituels de tribus africaines ainsi que de la gestuelle frénétique de certains MC dont Busta Rhymes par exemple. Les danseurs doivent utiliser leur passion et leurs émotions pour raconter une histoire, principalement en utilisant leur bras (talking hand, jab, swing, etc), leur pied (stomp), leur poitrine (chest pop) et leur posture. La façon d’agencer ces mouvements dépend principalement du style du danseur. D’ailleurs, il est fréquent que les Krumpers se créent plusieurs personnages qui danseront avec des styles bien définis. Bien que le Krump était dansé sur de la musique Hip Hop à la base, plusieurs DJs (J-Squad, MORFMUZIK, Big Rulez, etc) ont commencé à créer des musiques avec des boucles qui se répètent avec des sons sur lesquelles il est plus facile pour les Krumpers de danser. Un élément particulier dans le Krump comparativement aux styles de danse de rue est l’animosité. Il est donc fréquent et accepté dans les événements de Krump d’avoir des contacts physiques entre les participants. Même si le Krump semble être une danse agressive, il s’agit en fait d’une façon d’exprimer ses émotions et de régler des conflits sans avoir besoin d’utiliser l’agression, la violence et la bataille.

LOCKING

Le Locking est une danse venant de la culture afro-américaine au début des années 70, une période marquée par le racisme et les injustices envers les personnes de couleur. Cette danse prend forme au début de l’ère Funk dans les clubs de Los Angeles grâce à son créateur, Don “Campbellock” Campbell. Celui-ci, en essayant d’apprendre les mouvements de ses amis, commença à “verrouiller” (lock) rapidement ses articulations en dansant pour adopter des poses précises (coudes et genou fléchis pointant à l’extérieur avec un positionnement légèrement déhanché).

Les mouvements les plus fréquents en Locking sont le “Lock”, le “Wrist Roll” (rotation rapides des poignets) et les “Points” (action de pointer du doigt quelqu’un ou quelque chose), le “Keeping Time/Pacing” (mouvement rythmique et rebondit) et les fameux “Giving Five”. ll est d’ailleurs fréquent qu’un Locker s’approche de vous en dansant pour vous offrir de taper dans sa main. Plusieurs autres mouvements iconiques sont également retrouvés en locking dont le “Scoo B Doo”, le “Stop & Go” et le *Which-A-Way” agrémenté de mouvement de bassin et de split. 

Cette danse groovy, funky, énergétique est très conviviale et enthousiasmante et se caractérise aussi par son occupation dans l'espace et son interaction avec l'entourage. Les Lockers expriment également un côté cool et fresh grâce à leur habileté de rester suave et calme sur cette musique enivrante. Cet aspect est aussi retrouvé dans le style vestimentaire des Lockers qui à l'époque consistait en des habits propres et bien coupés, des Derbys, des chapeaux Apple ou Newsboy, des pantalons knickers et des chaussettes ou chandails rayés (voici un exemple). Ce style est encore adopté par les Lockers aujourd'hui comme une référence à l'époque Funk, quoique la ligne de base est d'avoir l'air fresh en tout temps.

Street Dance - Danse de Rue - Danse Urbaine

Le terme “danse de rue” ou “Street Dance” est utilisé pour décrire les danses qui ont évolué en dehors des studios de danse, plus précisément dans la rue, les clubs et des “block party”. Ces danses sont considérées comme des danses vernaculaires puisqu’elles ont été créées naturellement dans certaines communautés (ex. les communautés afro-américaines et LGBTQ+) et qu’elles s’apprennent de façon informelle. Les danses de rues en général représentent une contre culture, une ère ou une musique et sont généralement inventées par les plus jeunes générations.

Durant les années 1990 et 2000, plusieurs danseurs de studio ont commencé à créer des chorégraphies Hip Hop en y incluant d’autres styles de danse (ex: danse latine, danse contemporaine, danse moderne). Puisque cette nouvelle tendance utilisait une version modifiée et allégée du Hip Hop qui ne tenait compte de son contexte culturel, le terme “danse urbaine” ou “Urban Dance” a commencé à être utilisé pour décrire cette danse. Ce choix a été fait afin de respecter la différence entre les gens pratiquant le Hip Hop dans son ensemble et les danseurs qui n’en utilise qu’une partie.

Cependant, le qualificatif “urbain”, qui signifie “provenant de la ville”, a été initialement utilisé dans les années 1970 comme un substitut socialement accepté pour décrire la musique pratiquée par les personnes noires (Ex: Hip Hop, R&B, Soul, Blues, etc). Il est même considéré par certains artistes comme une alternative au mot en n. Ce terme est largement utilisé depuis des décennies pour placer les artistes noires dans une catégorie, créant ainsi un stéréotype et une marginalisation des artistes noires. Depuis quelques années, plusieurs compagnies œuvrant dans le domaine de la musique ont décidé de ne plus utiliser le terme “urbain” afin d’atteindre une meilleure équité raciale. Ce même mouvement commence également à rejoindre les danseurs et les écoles de danse qui préfèrent utiliser d’autres termes pour décrire ce style comme “style ouvert” ou “classe fusion”.

Popping

Durant les années 1960-1970, les afro-américains et les latino-américains commencèrent à s’exprimer sur le son de la musique funk. Les styles de danse qui ont éventuellement été regroupés pour former le Popping ont principalement évolué dans différentes villes ou régions où se trouvaient les danseurs (ex. Boogaloo, Striking, Strutting, Roboting, Electric Boogie, Pop Lockin, etc). Un point en commun les unissait tous, représenter la culture funk à travers leur danse. L’objectif était de prendre sa place, de se représenter soi-même d’une façon plus grande que nature en portant de beaux habits et des costumes. Les danseurs essaient également de reprendre des personnages de dessins animés dans leur interprétation en plus de s’inspirer des mimes (tel que Robert Shields, un mime spécialisé en mouvement robotique) et les animations image par image (“stop motion”) dans leur mouvement. Cette danse était pratiquée par n’importe qui dans les fêtes et les soirées dansantes ou en chorégraphie lors de performances par des groupes (ex. Black Messengers, the Electric Boogaloos, Demons of the Mind). 

Il est encore difficile de déterminer à quel moment le mouvement du Popping a fait son apparition mais il est généralement reconnu que cela à commencer avec le Oakland Boogaloo. Au alentours de 1976, un danseur de Fresno, Sam “Boogaloo Sam” Solomon, a décidé de définir cette danse sous le terme “Popping” et d’y inclure des éléments techniques en se basant sur le style de son groupe, “the Electric Boogaloos”. Les éléments qui caractérisent cette danse sont désormais définies comme étant 1) les isolations, 2) les arrêts (dime stop), 3) les mouvements illusoires et irréels (glissement, flottement, animation, sinbaddin), 4) le rythme (contraction musculaire ou “pop”) et 5) le personnage (character). Cette danse a été popularisé par les films Breakin’ et Breakin’ 2: Electric Boogaloo, par différents artistes pop tel que Michael Jackson.

Aujourd’hui, le popping est pratiqué à travers le monde lors des performances de groupe, de battles et de cyphers. Les bases du Popping peuvent être apprises à travers des cours dans les écoles de danse ou encore grâce à un mentor. La culture funk est encore bien présente dans l’expression du Popping bien qu’il soit tout à fait possible de pratiquer cette danse sur différentes musiques.

VOGUE/Voguing

Une danse issue des gens LGBTQ+ afro et latino-américaine au sein de la « culture Ballroom» à Harlem, New York, dans les année '80. Le voguing était la seule danse parmi des multiples catégories de compétition lors des Balls. Cette danse a été créée en imitant des poses de mannequins, d'où son nom associé au célèbre magazine "Vogue", et est dansé sur de la musique House (appellé ‘Cunty House’).

Avec le temps, le Vogue s'est développé en trois styles: ‘Old Way’ dans les années '80 (inspiré de l’art égyptien et les arts martiaux) - ‘New Way’ dans les années '90 (qui y ajoute la contorsion) - ‘Vogue Fem’ dans les années 2000 (un style plus ‘féminin’ créé par des femmes transgenres). Par habitude, les danseurs de voguing (voguers) se regroupent en équipes appelées “houses”, et qui suivent les rôles d’une famille: mère, père, enfants, etc. La « scène ballroom » est une communauté composée majoritairement des gens LGBTQ+ qui se rencontre autour des compétitions (balls) et sessions. La « kiki scène ballroom » est une communauté queer aussi, principalement composées de jeunes queer, qui leur offre un espace pour exprimer leur sexualité et leur individualité.

Dans les années 1990, le voguing est connu pour avoir inspiré le titre “Vogue” de Madonna où certains icônes, dont Jose Xtravaganza (chorégraphe et voguer) apparaissent. Pour en comprendre davantage sur la « culture ballroom », le documentaire “Paris Is Burning” est encore à ce jour l’un des plus important.

WAACKING/Whacking/Punking

Le Waacking a commencé dans les années 1970 à Los Angeles dans les clubs fréquentés majoritairement par des latinos, des afro-américains et des personnes issues de la communauté homosexuelle et queer. La musique sur laquelle le Waacking était originalement pratiqué est le disco. Cette danse est stylistiquement influencée par les personnages hautement animés du cinéma muet d'Hollywood, des films en noir et blanc, du Art Déco et des Drag Queens. Les homosexuels de l'époque, qui devaient se comporter selon les standards de la société pour éviter la discrimination, utilisaient le Waacking dans les clubs undergrounds pour s'exprimer librement. Ces gens, traités de "punk", décidèrent d'appeler cette danse "Punking" pour tourner ce terme négatif  en quelques choses de positif. Lorsque le Punking commença à être danser par les hétérosexuels et les femmes, le nom "Whacking" fût adopté (provenant de l'onomatopée "WHACK", qui représente l'action de frapper) puis finalement Waacking.

Cette danse narrative se caractérise par le travail des bras, les poses, l’émotion, le personnage et la musicalité. Le travail des bras (le Waack) se décrit par des mouvements circulaires rapides, précis, forts et fluides dans la partie supérieur du tronc, et se combine à des mouvements de jambes variés ainsi que du groove. Dans les années 1970, le Waacking a été popularisé par sa présence à l’émission "Soul Train", ce qui a fait circuler cette danse de Los Angeles à New York et puis dans le monde entier. Le VIH / SIDA a dévasté cette communauté en provoquant la mort de presque tous les pionniers de cette danse. N'ayant pas les initiateurs pour propager cette danse, sa popularité a commencé à s'estomper pendant les années 80 et 90. C'est par l'initiative de Brian "Footwork" Green que cette danse a resurgi dans les années 2000. C'est lui qui poussa Tyrone “The Bone” Proctor, désormais un des seuls pionniers de Waacking toujours actifs, à enseigner les rudiments de cette danse à travers le monde.


Vocabulaire courant

All Style
1) Catégorie de battle qui incluent les danseurs de tous styles confondus sur la musique au goût du DJ.
2) Habileté ou capacité d’un danseur à mélanger plusieurs styles de danse

Ball
(vogue) Compétition organisée par la communauté LGBTQ+. Les participants y défilent de façon compétitive dans différentes catégories pour gagner différent prix (ex. Runway, Vogue, Body, Face, Best Dressed, Realness). Les catégories contournent l’hétéronormativité qu’on trouve dans la société. Les « kiki balls » sont des balls consacrés aux jeunes et liés à une cause. 

Battle
Les battles ont débuté dans les soirées dansantes par des “call out” spontanés au milieu des cyphers. Aujourd’hui, ils sont organisés sous forme d’événements de danse où deux danseurs ou groupe de danseurs s’affrontent sur une même musique. Le vainqueur est habituellement délibéré par un juge ou ensemble de juge qui pointe directement la personne qui passe au prochain tour.

B-boy / B-girl
Danseur ou danseuse spécialisé(e) en Breaking. Le “B” peut signifier “Bronx” ou “Break” ou “Boogie”  Il est aussi commun de parler de “B-boying” et “B-girling” pour définir ce style de danse.

Bite
Expression populaire utilisée lorsqu’un danseur copie le mouvement d’un autre danseur.

Block Party
Fête de quartier où la majorité des résidents sont impliqués. Engendre généralement la fermeture des rues. Les blocks partys sont à l’origine de la culture Hip Hop

Bonnie and Clyde
Concept de battle qui implique qu’un homme et une femme doivent faire équipe.

Bounce
Type de mouvement rebondit et groundé en danse de rue qui s’effectue sur le rythme de la musique. Il peut s’appliquer à différente partie du corps dont la tête, les épaules, les jambes, la poitrine.

Breaking
Voir section précédente

Bris d’égalité - Tie - Tie Breaker
Cette situation survient dans les battles lorsqu’un juge ou l’ensemble de juges ne parvient pas à choisir un vainqueur. Les participants devront donc exécuter un round supplémentaire afin de départager le(s) juge(s)

Call out
Convoquer un danseur en duel de façon informel et spontanée. Fréquent dans les cyphers et les battles

Commando
Routine chorégraphique de courte durée exécutée durant un battle par une équipe de deux danseurs ou plus.

Crew  
Groupe de danseurs qui possède un style de danse ou une philosophie similaire, qui s’entraîne, participe à des battles et qui se tiennent ensemble. Les crews peuvent aussi représenter un quartier ou une ville.

Cypher
Cercle de danseurs qui se forme naturellement où chacun peut aller effectuer un round de freestyle tour à tour. Le cypher est un endroit sécuritaire pour les danseurs afin qu’ils puissent s’expriment librement et qu’ils partagent leur inspiration du moment avec les autres participants.

DJing - Deejaying - Turntablelist
L’art d’un DJ (Disc Jokey) consiste à sélectionner les chansons adéquates pour préserver l’énergie de la foule et pour assurer leur transition de façon fluide. Une pratique courante chez les DJ pour créer de nouveaux arrangements musicaux est de mettre en boucle des extraits de chansons à l’aide de deux tables tournantes pour répéter les séquences préférées des danseurs (échantillonnage - sampling) ou encore d'ajouter des effets sonores synthétiques à l'aide de boîte à sons (drum machine). Certains DJ en Hip Hop s’adonnent également à l’art du “scratching” qui consiste à faire grincer un disque vinyle sur une table tournante afin de créer de nouveaux sons et rythmes.

Échange - sharing
Terme utilisé lorsque deux danseurs exécutent chacun à leur tour leur travail d’exploration.

Experimental
Terme employé pour décrire une forme de danse qui ne s’apparie à aucun style de danse de rue mais qui s’inspire tout de même de ses fondations.

Floorwork - Groundwork
Travail au sol. Ce terme est aussi synonyme de “Ground move” et défini la recherche de mouvement qui s’exécutent au sol, soit en position accroupie ou étendue.

Flow
1) Débit des paroles d’un MC ou rapper
2) Enchaînement fluide et continue des mouvements de danse
3) Sensation d’une connection saine et harmonieuse entre les mouvements et la musique.

Freestyle
Le freestyle permet au danseur de s’exprimer librement tout en s’inspirant des éléments de la musique et de concepts physiques. Danse non chorégraphié qui utilise les techniques d’un style de danse spécifique.

Freeze
(Breakin) Arrêt dans une séquence de mouvements (air freeze, quick freeze, baby freeze, airchair, etc).

Fondation
La fondation d’un style de danse de rue inclut; certains mouvements ou concepts de bases, son histoire (provenance et évolution), sa culture (communauté noire, LBTQ+, club, rue) ainsi que certaine musique spécifique. Avoir une bonne fondation implique de connaître et maîtriser tous ses éléments pour un style de danse.  

Footwork
(Breaking) Jeux de pieds au sol en position accroupie, basés sur une forme circulaire (six step, hook , zulu spin, etc).
(Autre) Travail au niveau des jeux de pieds. Selon les styles, le footwork peut désigner :
1) des séquences de pas rapides et précises (Step, stomp, shuffle, saut, etc) 
2) des transferts de poids entre talon et orteil (glide, slide, moonwalk, etc.) ou d’une jambe à l’autre

Funk
Style de musique créé et popularisé par la culture afro-américaine dans les années 1960. Le Funk est un mélange de soul, de jazz et de R&B arrangé de façon très rythmique et mélodique pour en faire une version dansable. Le terme “Funk” ou “Funky” est couramment utilisé en popping et locking pour décrire quelque chose qui représente cette époque.

Get down
(Action) Capacité d’un danser à se dévoiler entièrement et sans aucune retenue sur la piste de danse.
(Nom) Moment où plusieurs danseurs se rassemblent pour danser dans le cadre d’une soirée festive ou simplement pour le plaisir

Groove
Principe abstrait signifiant d’être en harmonie avec la musique et avec la danse, sentiment de bienêtre autant pour le danseur que pour le spectateur. Le groove est aussi la réverbération de la musique à travers le corps et se traduit par des mouvements rythmés et simples. 

Hip Hop
(Culture) Née dans les communautés afro-américaines et latines du Bronx durant les années 1970. Le promoteur, DJ et pionnier Afrika Bambaataa (Universal Zulu Nation) fût le premier à nommer ce mouvement “Hip Hop” et à identifier ces quatre piliers (le DJing, le MCing, le Tagging (Graffiti), la danse  - B-boying/B-girling) ainsi que ses valeurs (paix, amour, unité et avoir du plaisir). Cette culture s’est enracinée dans les quartiers défavorisés des États-Unis, également appelé les "Projects", pour des raisons festives et grégaires. Avec sa popularisation, plusieurs artistes dont NWA, Tupac Shakur, Notorious B.I.G et Public Ennemy utilisèrent le Hip Hop comme un outil d’expression pour propager la vérité sur leur condition d'existence assez dure et violente et ainsi revendiquer de la justice et la fin de la discrimination des peuples minoritaires. 
(Danse) Le Hip Hop est une danse sociale organisée composée de party move, de bounce et de rockVoir Section précédente
(Musique) La musique Hip Hop fût créé par le DJ jamaïcain DJ Kool Herc qui jouait en boucle les pauses instrumentales (instrumental break) d’une même chanson à l’aide de deux tables tournantes par une technique qu'il appelait le "Merry-go-round". À l'inverse des DJs de New York qui jouaient principalement du Disco, Kool Herc préférait jouer des chansons de hard funk. L’élément du rap fût introduit à la musique par les MCs qui prononçaient des textes de façon rythmé et chanté avec un mélange de Scatting (forme d'improvisation vocale sans mot pratiqué en Jazz utilisant des syllables). C'est d'ailleurs du Scatting que provient le nom "Hip Hop" (exemple : "hip, hop, the hip, the hip, hip the hopping, hippie to the hippie"). La musique a évolué avec l’arrivée des boîtes à rythme (drums machine) ainsi qu’avec la technologie d’échantillonnages (sampling) afin d’adopter un son plus synthétique. La musique Hip Hop s’est diversifiée en différent genre dont le Gangsta Rap, le Trap, le G-Funk, le Crunk, le New Jack Swing, etc.

House 
(Danse) Voir section précédente
(Vogue) Les "Houses" sont formés par « une mère » qui recrute les autres membres de la famille (père et enfants) bien qu’une mère est souvent un homme gai. Les membres compétitionnent dans des "balls", et représentent leur "House".

Hustle 
Voir section précédente

Hype
État d’excitation extrême.

Jack - Jacking
Mouvement de base en House qui implique une interprétation de la musique avec le torse. Ressemble beaucoup à des oscillations rythmées et à des ondulations.

Jam
(Musique) Deux musiciens/chanteurs et plus qui se réunissent pour faire de la musique.
(Danse) Terme utilisé pour décrire une soirée dansante (ex. Old School Jam = soirée dansante à la thématique old school)

Lab - Labbing
Terme utilisé pour décrire une séance d’exploration où un danseur cherche à trouver de nouveaux concepts, de nouveaux mouvements ou un nouveau style.

Locking
Voir section précédente

MC - Emcee - Master of Ceremony - Host
Le MC est la personne qui gère les présentations et l'animation de la foule durant les soirées Hip Hop. Il est en charge de garder l'énergie a son plus haut niveau. Les improvisation des MCs finirent par développer un art vocal communément appelé rap qui contient plusieurs styles et techniques et requiert un haut niveau d'habileté.

Musicalité
Pour les danseurs de rue, la musicalité s’explique par l’habilité d’un danseur à harmoniser ses mouvements et ses intentions avec les différentes couches de la musique (ex: la voix, le piano, la bass, la mélodie, etc.)

Old School - Middle School - New School
Réfère avec respect à une époque ultérieure. Peut concerner les vêtements, la musique, le style de danse. La classification de Old School et Middle School est subjective et dépend des cultures. Le New School est généralement l'école de pensée actuelle et en évolution.

OG - Original Gangster - Original Generation
O.G est une expression utilisée pour décrire quelqu’un qui est actif dans la culture depuis plusieurs décennies, parfois même depuis la naissance de celle-ci, et qui détient de l’expérience et de la notoriété. 

Party move - Party Dance
Mouvement facile à reproduire et qui se partagent de façon virale d’une personne à l’autre. Les party moves font partie de plusieurs culture de club/party dont le Hip Hop et le Dancehall. Il se transmettaient jadis durant les block partys (ex. Running man, Skeeter Rabbit, Kriss Kross) et par des chansons écrites sur le mouvement (The Dougie, Stanky Legs, Hit the Quan, Walk it Out, Pon da River, Sweep, etc) alors qu’aujourd’hui, ils circulent principalement par le biais des médias sociaux (Le “Whip. le “Nae Nae”, “Hit dem Folks”, etc.).

Préliminaire - Prelims
Période de pré-sélection avant un battle. Généralement, sous forme de battle showcase (démonstration de battles sans jugement), le(s) juge(s) sélectionnent ensuite un certain nombre de danseurs qui passeront aux finales.

Popping
Voir section précédente

Power move
(Breaking) Mouvements circulaires utilisant la force centrifuge exécutés sur le dos, la tête, les mains et parfois les coudes (headspin, backspin, windmill, flare airflare, 1990, etc.)

Rap
Forme d’art vocal qui consiste à réciter un texte de façon rimée, rythmique, musicale et articulée. S'inspire en parti du Scat (forme d'expression vocal utilisée en Jazz) et de Griot (tradition africaine de raconter une histoire). Cette pratique fût initialement développée par les MCs mais ces deux éléments peuvent désormais être dissociés; c’est à dire, un MC peut faire du rap, mais un rapper n’est pas nécessairement un MC. Selon certaines définitions, le MC serait le représentant de la culture Hip Hop alors que le Rapper serait un artiste utilisant le Hip Hop à des fins monétaires.

Rock - Rocking
Action de balancer son corps sur le rythme de la musique d’avant en arrière ou d’un côté à l’autre. 
**Nous sommes à la recherche de référence pour décrire ce style de danse

Round
Anglicisme utilisé pour définir le passage d’un danseur durant un battle.

Session
Pratique libre et ouverte à tous qui se concentre sur un style ou une thématique spécifique

Seven to Smoke
Concept de battle qui n’implique pas la tenue d’une série de finales pyramidales. Les huit danseurs sélectionnés durant les préliminaires s’alignent l’un à la suite de l’autre. Le gagnant de chaque round reste et affronte le suivant alors que le perdant retourne au bout de la ligne. Le vainqueur du battle est celui-ci qui obtient sept victoires consécutives.

Signature
Style ou type de mouvements qui définit l’originalité d’un danseur.

Smoke
Signifie de remporter une victoire écrasante contre quelqu’un.

Soul
(Musique) Style de musique des années 1950 qui s’apparente au R&B, au Jazz et au Gospel.
(Danse) Le mot "soul" est utilisé pour décrire la représentation franche et sincère de l’âme d’un danseur à travers ses mouvements.

Three way
Format de battle atypique où trois danseurs s’affrontent dans le même passage plutôt que deux.

Trick
Mouvement ou séquence de mouvements difficile à exécuter et à reproduire. Peut également impliqué des accessoires comme un chapeau, une casquette, des souliers ou un foulard. Généralement, les tricks sont des mouvements uniques aux danseurs qui les ont perfectionnés.

Top Rock
Élément du Breaking qui s’exécute en se tenant debout, avec des jeux de pieds inspirés de beaucoup de style de danse et une certaine attitude, énergie et approche. Le top rock est souvent utilisé comme introduction pour un b-boy/b-girl avant d’entamer des séquences au sol.

Underground
De l’anglais « sous terre », ce terme désigne un mouvement culturel alternatif généralement en conflit ou en opposition avec l’espace culturel dominant ou "mainstream" (souvent commercial).

Vibe
Sentiments, émotions, qui se transmet par l’atmosphère ou par quelqu’un

Vocabulaire
Le vocabulaire d'une danse est l'ensemble de mouvements et de concept qu'il est possible d'utiliser pour s'exprimer. Un danseur ayant un bon vocabulaire est capable d'utiliser un étendu large spectre de mouvement pour s'exprimer plutôt que de toujours revenir au même. Certain développe même leur propre vocabulaire qui est associé à sa signature

Vogue
Voir section précédente

Waacking
Voir section précédente

 


Remerciements 

Recherchistes

Fanny "Ourse" Bergeron-Labrecque
Axelle Munezero
 

Personnes Ressources et collaborateurs

Karl Abraham
Angelo Ameur
Emilio "Buddha Stretch" Austin Jr. 
Brian "Footwork" Green
Adolfo "Shabba-Doo" Quiñones
Éric "Zig" Martel
Méralie Murray-Halls
Gérard X Reyes
Jean Ricardo
Mark "Scramblelock" Sakalauskas
Emmanuel "Bourrik" Septier
Yvon "Crazy Smooth" Soglo
Dominique Sophie

Références Externes

Chaine youtube

Ballroom Throwbacks - Aperçu sur la scène Ballroom
Lock in Montreal - Documentaire sur le Locking à Montréal
What is Waacking? - Histoire du Punking, Whacking et Waacking par Kumari Sunaj

documentaires

Paris is Burning - 1990 - Histoire de la culture Ballroom
Wrecking Shop - 1992 - La naissance de la danse Hip Hop dans les banlieues de New York
Scratch - 2001 - Création de la musique Hip Hop et son évolution
The Freshest Kids - 2002 - Histoire du Hip Hop et du B-Boying/B-Girling
RIZE - 2005 - Documentaire sur le Clowning et le Krump
The Art of 16 Bars - 2005 - Documentaire sur le MCing
Unmovable - 2010 - Documentaire de Krump sur Tight Eyez
Check your body at the door - 2012 - Documentaire sur la danse House et les clubs underground de New York
Shake the Dust - 2015 - Documentaire sur l'impact du Breaking à travers le monde

Site Internet

www.thelockersdance.com
www.locking4life.com
www.scramblelock.com

texte

Verbaliser l’indicible : une étude de l’expérience de la «vibe» dans la scène underground-house de Montréal
Auteure : Méralie Murray-Hall
Matière : Maîtrise en Anthropologie